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Victime de « Revenge Porn » : je n’avais qu’une seule envie, me donner la mort
Rosine avait réussi à se construire une carrière professionnelle et une vie sociale plutôt aisée, jusqu’à rencontrer le soit disant « homme de sa vie », qui a failli devenir l’homme de sa mort.
Jeune, courageuse et pleine de vie, Rosine avait réussi à se construire une carrière professionnelle et une vie sociale plutôt aisée, jusqu’à rencontrer le soit disant « homme de sa vie », qui a failli devenir l’homme de sa mort. C’est fou combien en peu de temps, la vie d’une personne peut perdre toute sa valeur, ne se souvenant même pas des multiples efforts fournies pour la construire. Voici son histoire.
« De toute ma vie, je n’avais jamais autant eu honte de ma personne. Je passais tout mon temps à dormir, espérant que mes doses de diazépam me mènent à la mort… », me racontait Rosine, toute émue par sa terrible expérience.
Coup de foudre
En Avril 2022, Rosine rencontre Jean- Jacques sur Instagram. Depuis le premier message de Jean Jacques, les conversations ne ce sont plus arrêtées. Tout a viré en une histoire d’amour. Depuis les Etats-Unis, l’heureux élu du cœur de Rosine ne laisse pas passer un jour sans l'appeler, question d’avoir ses nouvelles et papoter un peu entre amoureux. Avec le temps, la confiance s’est installée, des projets se sont construits, des promesses se sont faites…, la plus excitante de toutes, « le mariage ». Comme pour la plupart des kinoises, épouser un homme résidant aux Etats-Unis est un grand luxe.
Une confiance aveugle
Durant quatre mois, le téléphone était leur seul moyen de contact. « Il arrivait des jours où il demandait des images et vidéos (nudes) de moi. Je les lui envoyais, mais je ne filmais pas mon visage. Avec beaucoup de mots doux, il a pu me rassurer que notre relation était basée sur la confiance. Enfin convaincue, j’ai cédé. Je lui ai envoyé mes vidéos avec mon visage, sans crainte, espérant que ces images ne servent qu’à notre plaisir », me confiait Rosine.
Emportée par le feu de l’amour, visiblement, Rosine n’a rien vu venir. Tout se passait bien jusqu’au jour où Jean-Jacques a décidé de changer de casquette : Il menaçait Rosine de balancer ses vidéos sur les réseaux sociaux mais surtout à ses proches. La seule condition qui lui retiendrait serait de recevoir 3000 dollars de la part de Rosine.
Le chantage
Malgré elle, Rosine va céder aux menaces de Jean-Jacques et décide d'envoyer les 3000 dollars pour éviter tout scandale. Aujourd'hui, il n’y a pas plus grand honte que d’être mêlé à des affaires de sextape. Alors qu'elle était sur le point d’envoyer la somme d’argent, Rosine reçoit l’appel d’une ancienne amie, lui informant avoir reçu d’un homme inconnu une vidéo d’elle. Ladite vidéo a été envoyée dans le but de faire pression pour les 3000 dollars. Mais pour Rosine, le contrat n’avait pas été respecté. Elle n’avait plus rien à perdre car une de ses proches possédait déjà les images.
Le début du pire cauchemar
« J’ai pris la dure décision de ne pas envoyer de l’argent car rien ne me garantissait que Jean-Jacques supprimerait réellement les vidéos, moins encore cette ancienne amie. Cinq jours après cet évènement, était le début de mon pire cauchemar sur terre. Jean-Jacques a mis en ligne mes vidéos sur les réseaux sociaux. Le plus dur est qu’il s’est informé sur mes relations et a atteint mes collègues de travail, à qui il a directement partagé mes vidéos. Suite à cet incident, j’ai perdu mon emploi, » dit-elle.
Et pour conclure, elle affirme : « Je n’avais jamais reçu autant d’appels et messages téléphoniques de toute ma vie. Certains pour consoler et conseiller, d’autres pour insulter, se moquer et mépriser. J’ai appris à assumer mes erreurs et surtout, j’ai tiré leçon de cette expérience. Maintenant, j’essaye d’être moins visible sur les réseaux pour m’éviter toute sorte d’insulte. Car jusqu'aujourd'hui, il suffit pour moi d’afficher une photo pour être traiter de tous les maux. »
Voilà comment une vie peut être bouleversée. Rosine a été victime d’une forme de violence très fréquente, autrement appelée « Revenge Porn ». Ne vous limitez pas qu'à condamner les victimes. Par contre, il faut dénoncer avec la dernière énergie toute sorte de violences faites sur Internet.
Sarah Lokilap